Dimanche 3 juin, fin d’un après-midi pluvieux entre Saint-Cyprien et
la frontière espagnole, une femme d’une cinquantaine d’années semble désemparée
sur le coté de la route. Elle essaie de s’abriter sous ses deux sacs plastiques
blancs, les seuls biens qu’elle détient comme un cadeau du ciel en ce jour de
Fête des mères.
Recueillie par Roland, il a le flair pour capter
les personnes en détresse, il lui suffit d’ouvrir les yeux et son grand cœur
d’européen convaincu, c’est à l’abri et bien au sec dans le local de Nord-Sud
Alliance qu’elle va commencer à s’expliquer sur son périple transfrontalier et
ses conditions de survivance…
Habillée correctement, trempée mais propre, elle
parle un allemand avec l’accent des pays de l’Est, n’a pas de papiers, pas de
travail et pas d’endroit pour dormir ce soir, mais le plus urgent maintenant
c’est d’échapper à la pluie qui vous transperce les vêtements. On appelle le
115 pour un hébergement d’urgence…pas de chance, aucune place de disponible,
« nous sommes dimanche, c’est la
Fête des mères et en plus il pleut, alors
tout est complet, il va falloir vous débrouiller ! ».
Alors comme
d’habitude on va se débrouiller avec les moyens du bord, « adieu veaux, vaches, cochons, couvée,
éducateurs spécialisés… » la Dame passera la nuit au chaud, nourrie et
bien au sec dans les locaux du père Bach à Saint-Cyprien.
Au petit matin, nuit
et pluie éteintes, elle est repartie à l’aube, discrètement, sans doute pour ne
pas gêner ses hôtes ou pour camoufler ses craintes, car on a peur quand on est borderline,
on a peur de tout...même sous le soleil des Pyrénées Orientales.
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