Premier mai, qui peut l’empêcher ?
Camp d’internement…
Bourrasque violente. Puis averse sur averse. La circulation de St-Cyprien est réduite, de ce fait, au minimum. Les « éléments » ne sont pas non plus favorables au 1er mai …
Interdiction officielle. Affairement des mouchards. Bave des défaitistes abattus et pusillanimes. Même ces messieurs les « indifférents » caracolent sous ce manteau d’égoïsme et de mesquinerie. Qu’importe. Dans les veines des ouvriers et des laboureurs cette date carillonne avec une allégresse rageuse.
Il y a ceux qui la commémorent en confectionnant – au prix de quelques sacrifices et de quelles astuces !- un gâteau qui est l’occasion de porter des toasts allusifs dans le baraquement. Il y a les groupes compacts qui, en rangs de deux, manifestent sans en avoir l’air dans l’avenue centrale, clignant de l’œil au moins aux réverbères, sans un mot, sans un emblème, ce qui provoque l’ineffable désarroi de la gendarmerie.
La nuit tombe. Les pieds s’enfoncent dans la terre mouillée. On entend des phrases isolées : « Le 1er mai exige de nous, antifascistes espagnols, l’affirmation de l’unité et de l’esprit combatif. La lutte n’est pas terminée. Nous entrons dans une nouvelle phase. Plus décidés que jamais, les ouvriers et les paysans ! Rien ni personne ne peut empêcher de flotter les drapeaux rouges du prolétariat.
Nos camarades de Chicago, vous savez ? nous donnent un exemple qui prend de plus en plus de valeur. Pensez à la patrie enchaînée par les envahisseurs. Ne vous laissez pas aveugler par les manigances et les provocations de la réaction; les masses productrices et progressistes de France nous comprennent et nous soutiennent. Ceux qui nous offensent n’ont rien à voir avec eux ».
On dirait, lorsqu’on s’enroule pour dormir dans sa capote militaire, que le sable ne fait pas aussi mal aux hanches, que le « dortoir » est moins sordide.
Un je-ne-sais-quoi…
Manuel Andùjar, traduit par Rose Duroux
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